Dans les coulisses de la création d’Anna Rodriguez


Chaque année, l’Académie Fratellini invite un·e artiste à mettre en scène une promotion d’apprenti·es de l’école supérieure de l’Académie Fratellini. En ce début d’année, c’est à la chorégraphe Anna Rodriguez que l’Académie Fratellini a confié ce challenge. Challenge car elle n’a que 7,5 petits jours, soit 39 heures, pour rencontrer les apprenti·es de 1ère année et créer un spectacle avec elleux. Et pour pimenter le tout, six élèves musicien·nes du Pôle Sup’93 font aussi partie de l’aventure !
Que peut-on d’ores et déjà vous dire du spectacle ?
16 présences sur le plateau, 4 agrès aériens, de la voltige, du jonglage, de l’acrobatie, 6 instruments. Du cirque, de la musique, du mouvement dansé, des pratiques artistiques faisant dialogue plutôt que démonstration. Un environnement lumineux où les états de corps, songeraient à sortir de leur zone de confort avec le désir de bâtir à l’unisson un espace créatif.

Un petit mot de...
Anna Rodriguez, danseuse interprète et metteuse en scène
Peux-tu nous parler du processus de création ?
J’ai écrit la pièce de A à Z en amont. J’ai ensuite imaginé les déplacements, les enchaînements, les durées, la lumière, l’énergie des groupes et des solos.
Après, j’ai fait se rencontrer les circassien·nes et les musicien·nes et j’ai observé ce qui en sortait dans l’instant présent. Et j’ai travaillé avec cette matière.
Ce processus nécessite d’écrire rapidement et précisément.
Le résultat, c’est une succession de portraits, de tableaux, d’images de ce monde, avec beaucoup d’humanité, de physicalité et de poésie.
Je connaissais un peu les apprenti·es-circassien·nes car je donne des cours de mouvement à l’école supérieure de l’Académie Fratellini, et j’avais déjà rencontré les étudiant·es musicien·nes à l’occasion d’un stage que j’avais donné sur un weekend.
J’ai construit la pièce avec l’idée de qui j’allais avoir en face de moi mais aussi avec l’idée de ce que je souhaitais en termes d’échanges, de rencontres...
Je fais beaucoup travailler l’interprétation. Pour moi, la rencontre c’est l’osmose entre l’agrès de cirque et l’instrument de musique.
Le lieu t’a inspirée ?
Je savais que le plateau de la salle Delphine Seyrig du Théâtre Gérard Philipe pouvait se travailler à nu. J’ai demandé à Carine Gérard, la régisseuse générale et éclairagiste de ce spectacle, de le laisser à nu. Pour moi, ce spectacle c’est 16 présences - 10 circassien·nes et 6 musicien·nes – qui traversent cet espace nu.
Combien de temps as-tu eu pour cette création ?
6,5 jours. Et l’après-midi de la 7e journée, c’est déjà la répétition générale ! C’est un vrai challenge car c’est très court.
Camille Chamoulaud, acro-danseuse en 1ère année de l’école supérieure de l’Académie Fratellini
Peux-tu nous parler du processus de création ?
Anna Rodriguez, la metteuse en scène, nous guide mais nous laisse proposer des choses. Elle sait que plus on est à l’aise dans nos corps, plus ça marche sur scène.
On travaille individuellement pour préparer les solos, et collectivement pour préparer les parties communes qui sont souvent dansées.
C’est très enrichissant de travailler avec une chorégraphe, surtout pour moi qui suis acro-danseuse.
Qu’est-ce que ça fait de jouer avec des musicien·nes professionnel·les ?
C’est super enrichissant de se rencontrer et de se mélanger. Le rapport improvisation corps / musique / voix se passe très bien.
Une anecdote que tu souhaiterais partager ?
Anna nous a proposé de porter des robes. Faire tout un spectacle en robe, que ce soit des acrobaties, du jonglage… c’est un beau challenge. Il faut trouver des mouvements différents.
Mona Cavé, flûtiste en 1ère année jazz au Pôle Sup’93

Peux-tu nous parler du processus de création ?
Concernant la mise en scène, Anna et les apprenti·es circassien·nes avaient déjà réfléchi à beaucoup de choses avant qu’on arrive.
Pour la création musicale, elle nous a laissé·es assez libres tout en sachant quand même ce qu’elle voulait. C’était donc vraiment chouette car on n’était pas livré·es à nous-mêmes.
On a pris des idées à droite à gauche. Parfois les accidents sont devenus des compositions. C’est super intéressant.
Qu’apprends-tu via cette création ?
C’est la première fois que je participe à un spectacle pluridisciplinaire. Je découvre les coulisses et comment évoluent les circassiens et les circassiennes.
C’est aussi la première aussi que je crée de la musique pour des danseur·euses en improvisation live. J’aime beaucoup !
Carine Gérard, régisseuse générale et éclairagiste
En quoi consistent tes missions ?
En tant que régisseuse générale, je coordonne les équipes qui installent les agrès, les micros, les instruments, les projecteurs...
En tant qu’éclairagiste, je crée l’ambiance lumineuse de chaque scène. Je réfléchis au positionnement des projecteurs, à comment et quand les allumer.
La lumière dans le cirque c’est assez particulier parce qu’il y a tout une partie sécurité à prendre en compte. En fonction de ce que les circassien·nes font, ils ont besoin de voir telle ou telle partie de leur agrès, de voir le sol, de ne pas être ébloui·e. On se coordonne avec les acrobates, on trouve des compromis pour qu’ils soient à l’aise et que nous on obtienne l’ambiance lumineuse imaginée.
Les musicien·nes dans notre cas c’est beaucoup plus simple parce que ce sont des musicien·nes jazz donc ils improvisent beaucoup et n’ont aucune contrainte de visibilité.
Quel est ton rapport à la metteuse en scène ?
Je travaille avec Anna depuis quelques années à l’Académie Fratellini. On a une esthétique commune qui nous permet de trouver un point de convergence. C’est assez agréable.
Et au lieu d’accueil ?
On est très bien accueilli·es au Théâtre Gérard Philipe, une équipe est avec nous en permanence. Et j’ai la chance d’avoir Chloé Burgos Lesot, apprentie à la régie lumière qui s’occupe de « pupitrer », c’est-à-dire de programmer toutes les lumières. Ça me permet de m’asseoir en salle, de regarder et de discuter du résultat avec Anna.
Où puis-je voir le spectacle ?
Anna, Zohar, Camille, Yonis, Prune, Itamar, Liri, Noémie, Loane, Jonas, Sagi, Mona, Martina, Simeon, Arlet, Pierre et Nicolas vous attendent du 23 au 25 janvier 2025 au Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis !