Du jonglage sous toutes les coutures


L’école supérieure de l’Académie Fratellini inscrit chaque année ses apprenti·es à un cycle de formation professionnelle proposé par la Maison des jonglages. Grâce à ce partenariat, les jongleur·euses - mais pas que ! - bénéficient de trois stages répartis sur l’année qui permettent d’aborder le jonglage sous différents angles et avec différent·es intervenant·es.
Avec José Triguero, les apprenti·es ont travaillé les figures de jonglage à trois balles, seul·es ou en groupe. Le stage a eu lieu du 18 au 20 novembre à la Maison des jonglages (Bondy).
Avec Fabrice Dominici, trois élèves et un professeur de l’école supérieure de l’Académie Fratellini se sont intéressé·es à la manipulation d'objets flottants. Le stage a eu lieu du 31 janvier au 2 février à l’Académie Fratellini (Saint-Denis) et à la coopérative De Rue et De Cirque (Paris).
Cela peut paraître étonnant mais les jongleurs n’ont pas été les seuls à prendre part à ce stage ! Il y avait par exemple Zohar Baron, apprentie en 1ère année qui fait du trapèze et Sagi Sharon, apprenti en 1ère année qui fait de la corde lisse.

Zohar, que peux-tu nous dire de ce stage ?
« L’équipe pédagogique m’a proposé de faire ce stage parce que je m'intéresse au théâtre d'objets et de matières. En effet, en plus du trapèze, j'ai commencé une recherche autour de la manipulation de tissus pour créer de petits personnages. Chaque tissu ou matière bougeant différemment, ils se manipulent différemment.
Fabrice travaille beaucoup sur les "objets flottants", qui sont faits de matières très légères, et qui mettent donc du temps à redescendre quand on les lance. Il nous a montré plusieurs objets avec lesquels il aime travailler. Il nous a parlé de leur constitution et de comment lui les manipulait.
J'ai trouvé ça très intéressant. Ça me donne des pistes pour étoffer ma recherche et développer de nouveaux "agrès" flottants. Plus particulièrement, ça m'a inspirée pour essayer de créer un objet qui tomberait doucement en tournant. J’aimerais trouver la matière et la forme idéale pour que l’objet reste le plus longtemps possible dans l'air. »

Et Sagi, qu’as-tu appris lors de ce stage ?
« L’équipe pédagogique m'a proposé de suivre ce stage parce que je fais pas mal de manipulations avec la corde. J’aime bien le jonglage parce qu’il permet de penser la corde autrement.
C'est important pour moi d'apprendre auprès de jongleur·euses et pas seulement d'aérien·nes. On est très contraint par l’apprentissage technique de la discipline qu’on a choisie. En effet chaque discipline nous invite à approcher l’agrès d'une façon spécifique. Or je trouve important de sortir de ce cadre, d'essayer activement de choisir quelle relation on veut entretenir avec notre agrès.
Fabrice a proposé un temps d’exploration autour d’objets ultra légers, par exemple le papier ou le polystyrène coupé très fin. Ces objets sont tellement légers qu’ils peuvent rester en l’air très longtemps, ce qui change le rapport au temps. Ils sont aussi très fragiles, ce qui impacte la façon dont on les lance et les rattrape.
Je ne sais pas si je vais utiliser toutes ces approches avec la corde, j’ai peut-être quelques petites idées pour une carte blanche [format mensuel libre proposé aux apprenti·es, qu’iels jouent devant les salarié·es] mais c’était vraiment super de découvrir l’univers de Fabrice pendant ces trois jours. Même si je n'envisage pas de spectacle avec des objets volants, je suis content de connaître les options qui existent et de voir jusqu'où peut être poussée une idée.
Ce qui m’a le plus marqué dans ce stage c’était le rapport à la précision. Quand on travaille avec quelque chose qui pèse moins de trois grammes, il n’y a pas trop de marge d’erreur. »

Antoni Klemm, professeur de jonglage à l’Académie Fratellini, a lui aussi participé au stage.
« L’approche de Fabrice est très recherchée, très intéressante. Ce stage est une sorte de laboratoire de recherche, où l’on fait des expériences sans obligation de résultats.
Je suis content d'avoir découvert son travail. Ça m'a donné des pistes et des outils qui pourront me servir avec les apprenti·es. »
Pour clore l’année, quelques apprenti·es rencontreront Thomas Hoeltzel du 23 au 25 juin à l’Académie Fratellini, autour des aspects rythmiques et corporels du jonglage.
En parallèle de ces stages, l’Académie Fratellini et la Maison des jonglages organisent chaque année un workshop. La prochaine édition aura lieu du 28 avril au 3 mai. À cette occasion, la Maison des jonglages invite un ou une artiste à diriger une recherche avec cinq apprenti·es de l’Académie Fratellini et cinq élèves de l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Nouveauté cette année, Circus Next et le Théâtre Silvia Monfort se joignent au projet ! La recherche aboutira à une présentation publique au Théâtre Silvia Monfort, dirigée par Inbal Ben Haim.
© Photo de groupe par Loïc Réau